HEPATITE ET PAS TOI ? |
|
Ayant fait la preuve de son efficacité, cette action de santé publique a été étendue au territoire national, de sorte que le Stéribox est vendu dans (presque) toutes les officines françaises.
L’épidémie du sida, actuellement en voie de contrôle dans cette population, fait place à une nouvelle épidémie, l’épidémie du virus de l’hépatite C (VHC). Cette épidémie présente la caractéristique d’être «invisible», de représenter un important problème de santé publique et d’être évitable. Nous proposons d’adapter l’outil de prévention Steribox à la prévention de ce nouveau fléau en y adjoignant le système «Stericup» dont la mise au point vient de s’achever .
Il est proposé ici de démarrer une opération de santé publique autour de ce nouvel outil de prévention.
|
Cent cinquante mille toxicomanes susceptibles d’utiliser la voie injectable un jour donné vivent en France.
Trente six mille suivent un traitement de substitution à la buprénorphine (Subutex), cinq mille un traitement à la méthadone, un millier au sulfate de morphine (Skénan, Moscontin) ; Trente mille prennent hors prescription un codéiné.(Néocodion, Dynacode…)
Vingt Mille sont dépendants aux opiacés par voie nasale ou fumable.
Dix Mille dépendants aux opiacés sont un jour donné en garde à vue ou incarcérés.
Trente trois mille usagers de drogue dépendants aux opiacés utilisent un jour donné la voie injectable.
Huit mille «Stéribox» et quinze mille seringues sont vendus et/ou distribués chaque jour à ces injecteurs.en France
Quatre mille jeunes français deviennent chaque année toxicodépendants aux opiacés, et deux mille font chaque année l’initiation à la voie injectable.
|
Chaque année, plusieurs centaines sont contaminés par le virus de l’hépatite B (VHB), par le virus VIH, et une quarantaine meurent d’overdose.
POURTANT, IL EXISTE DES MOYENS FACILES, PEU COÛTEUX ET EFFICACES A METTRE EN OEUVRE
Les mesures de prévention qui ont été efficaces pour l’épidémie de Sida ne le sont pas pour l’épidémie du VHC.
POURQUOI ?
Cette épidémie n’est pas contrôlée dans cette population pour diverses raisons :
Ce n'est que récemment que l’on sait que les causes des contaminations VHC ne sont pas liées seulement au partage des seringues comme pour le VIH. Elles sont liées, pour beaucoup, à l’utilisation à plusieurs du matériel annexe : en effet, du fait de l’extrême «virulence» du VHC, la cuiller commune dans laquelle chacun trempe sa seringue, l’eau de préparation qui est partagée à plusieurs, le filtre ("coton") contaminé que l’on récupère pour l’héroïne qu’il contient encore pour l’injecter plus tard, le doigt ou le coton avec lequel l’usager comprime le point d’injection; tous ces éléments sont soit utilisés à plusieurs, soit en contact avec du sang ou des traces de sang présentes sur les lieux de l'injection.
Ces éléments expliquent qu’aujourd’hui autant d’usagers ou d’anciens usagers soient porteurs du virus VHC dans notre pays.
Selon nos estimations, cent mille à deux cents mille français qui, une fois au moins dans leur vie ont fait une expérience d’injection de drogue sont porteurs du virus. Parmi ceux-ci, les trois quarts présentent une hépatite chronique active. La plupart l’ignorent. Seule une très faible minorité bénéficie du traitement par l’interféron. Ce traitement est pourtant efficace dans près de la moitié des cas. Les génotypes dominants chez les usagers de drogue (2a et 3a) sont ceux qui réagissent le mieux à ce traitement anti-viral. Ce traitement est d'autant plus efficace que la personne est plus jeune et qu'elle a été contaminée récemment.
La ponction–biopsie de foie, geste hospitalier, devrait être réalisée chaque fois qu'à une sérologie positive est associée une élévation des transaminases, ce qui est le cas le plus fréquent.
Le nombre ou la proportion d'usagers protégés par la vaccination de l’hépatite B, seule prévention efficace pour ce virus, est inconnu en France.. Différentes études montrent que la prévalence des anticorps témoignant d'une infection ancienne et de l'antigène Hbs témoignant d'une contagiosité actuelle par le sang, la salive le sperme ou les sécrétions vaginales est beaucoup plus élevée que dans la population générale.
Les actions de prévention qui ont été efficaces sur le VIH (vente libre des seringues en officine, programme d'échanges de seringues, Stéribox disponible dans la majorité des officines) ne le sont pas pour le VHC. .En effet ces programmes s'adressent à des usagers de drogue qui sont déjà majoritairement contaminés par le VHC. En revanche, les actions à mener pour la prévention, le dépistage et la prise en charge de l'hépatite C chez les usagers de drogue seront a fortiori efficaces sur le VIH et sur le VHB étant donnés les modes de contamination.
Les actions de prévention - campagne d’éducation sanitaire ciblée, incitation au dépistage, prise en charge sanitaire, vaccination de l'hépatite B - qui se sont montrées efficaces sur le VIH, sont aujourd’hui urgentes à mettre en œuvre pour le VHC .
Les actions à mettre en œuvre devant cette épidémie découlent de l'étude des modes de contamination et des voies de transmission qu'emprunte ce virus : elles doivent toutes répondre à une première condition : s'adresser aux jeunes injecteurs non encore contaminés
L'analyse fine des initiations à l'injection chez les jeunes a été faite (en Australie par N. Crofts et Wodack) ou est en cours (au Quebec par E. Roy). Elle démontre que l'information lors de la première injection est faite par les pairs : il y a donc lieu d'informer les pairs qui sont eux-mêmes les vecteurs d'une information. L'information des pairs par les pairs a donné des résultats importants dans le contrôle de l'épidémie à VIH chez les UD.
Il existe une autre ressource d'information en France. La seringue de la ou des premières injections en France est très majoritairement délivrée par la pharmacie sous forme de Stéribox ou sous forme de seringue à l'unité. Chaque jour, dix mille toxicomanes différents franchissent le seuil d'une pharmacie pour acheter un Stéribox. La pharmacie étant le passage obligé du toxicomane pendant la période d’exposition aux risques, c’est par elle que nous proposons de passer pour mener une campagne d’éducation sanitaire.
En quoi consisterait cette information ? Elle découlerait de la connaissance que nous avons à ce jour des trois modes de contamination décrits plus haut :
Un argument supplémentaire plaide en faveur de ce tampon sec : lorsqu'ils n'utilisent pas le pouce pour la compression, les usagers utilisent le tampon d'alcool pré-injection qui n'est pas absorbant (Apothicom,1995). La fonction de ce tampon alcoolisé est de nettoyer la peau avant l'injection. S'il ne l'utilise pas avant l'injection pour l'utiliser après, le détournant en quelque sorte de son indication, le toxicomane prend un risque supplémentaire : celui d'une staphylococcie profonde. L'intérêt du tampon alcoolisé, produit à AMM, est de limiter les staphylococcies profondes à Staphyloccoccus Aureus. Celles-ci constituent la quatrième cause d'infections (après le SIDA les hépatites et les candidoses disséminées) chez les toxicomanes injecteurs selon l'étude multicentrique espagnole analysant les motifs d'hospitalisation de 17000 toxicomanes en Espagne entre 1979 et 1991 (Miro & all, Barcelone, 1991). L'efficacité de la désinfection à l'alcool avant l'injection a été démontrée par Vlahov & all: sur la cohorte Alive de Baltimore : lorsqu'il y a toujours désinfection, les abcès profonds et les ostéomyèlites diminuent de façon très significative et les endocardites disparaissent (…).
Il y a donc un double intérêt à ce tampon sec post-injection : celui de limiter le risque d'hépatite C et de faire retrouver au tampon d'alcool son indication première : la prévention des staphylococcies profondes provoquées par les staphylocoques cutanés.
C'est donc une véritable pédagogie de l'asepsie vis-à-vis du VHC qu'il faut mettre en œuvre si l'on veut contrôler cette épidémie chez les toxicomanes.
Cet objectif n'est pas irréaliste. En effet, on ne peut pas se protéger si l'on ignore les risques. Cette ignorance des risques est actuellement majoritaire dans les dernières études (Apothicom 1995, Irep 1996). Les usagers de drogue ont montré par le passé qu'ils répondaient bien aux campagnes d'information et de prévention. Mais ces campagnes n'opèrent réellement leur effet que si une politique de dépistage est associée. Ainsi, s'ils ont modifié leurs pratiques vis-à-vis du VIH dès la fin des années 1980, c'est que la politique de dépistage a commencé à porter ses fruits pour le VIH à cette période. Les premiers changements de comportements ont été observés lorsque la connaissance du statut sérologique les a amenés à ne plus "shooter après quelqu'un de séro" c'est-à-dire à ne plus utiliser la seringue de quelqu'un dès lors que celui-ci connaissait son statut sérologique vis-à-vis du VIH et le faisait savoir à ses compagnons d'injection.
A cette pédagogie de l'asepsie doit être associée une politique d'incitation au dépistage. Celle-ci a commencé à porter ses fruits vis-à-vis du VHC; puisque, selon les études, la moitié des usagers connaissent leur statut sérologique. Elle peut être amplifiée avec d'autant plus de chance de succès que, à la différence du VIH il y a dix ans, la maladie à VHC a la réputation d'être "curable".
|
|
|